Par Diandra Chatelard
La RDA, « le paradis du socialisme »
À la fin de la guerre, les Allemands veulent se détacher de leur passé nationalsocialiste, la RDA devient alors une belle utopie. Elle met en avant une société égalitaire dans laquelle le travail et la cohésion sociale sont importants. Elle est vue comme une reconstruction de la société autour de valeurs communes. Plusieurs activités marquent cette période de l’histoire : les slogans, les hymnes à la gloire du socialisme, les défilés quasi obligatoires ou encore les organisations socialistes comme les jeunes pionniers ou la Jeunesse libre allemande (Freie Deutsche Jugend ou FDJ). Le socialisme en Allemagne de l’Est est considéré à l’époque, comme étant le paradis du socialisme, un leader dans les domaines de la technologie et de l’industrie pour la plupart des pays de l’ancien bloc soviétique. Ceci explique pourquoi, jusqu’à aujourd’hui, ce système manque à certains Allemands de l’Est.
En effet, l’État socialiste valorisait le dur labeur du peuple. Il le considérait comme un état utopique de satisfaction matérielle. De nombreux titres et décorations étaient d’ailleurs donnés aux travailleurs et aux collectifs méritants. Les « brigades socialistes » (Arbeitskollektive), par exemple, sont considérées comme une perte dans de nombreux Länder de l’Est. Elles étaient vues comme étant un idéal collectif dans le monde du travail socialiste.
Pour beaucoup, le rythme de vie et de travail en RDA était plus lent et moins stressant par rapport à celui d’aujourd’hui, dans une Allemagne réunifiée.
L’ostalgie sociale, le manque d’une société plus humaine
Dans son article Utopie – ostalgie – nostalgie : aller-retour en ex-RDA publié en 2018, l’auteure Marina Chauliac parle d’« ostalgie sociale » pour décrire le regret d’un modèle social jugé plus égalitaire. Contrairement au système allemand actuel, le système socialiste serait considéré comme plus égalitaire par beaucoup d’Allemands de l’Est. Ce système comprenait une prise en charge sanitaire et sociale pour tous les citoyens, des assurances offertes, des loyers maintenus à bas prix, une meilleure distribution des ressources et une forte solidarité humaine.
Après la réunification, les citoyens de la RDA ont connu une véritable rupture par rapport à leur vie sous le régime socialiste. Un nouveau système économique et politique leur a été imposé. Ils ont perdu tous leurs repères et ont été transformés en étrangers chez eux-mêmes. Il est donc normal d’avoir une certaine nostalgie en repensant à tous ces souvenirs. Certains symboles et institutions de l’idéologie socialiste ont été supprimés par le nouveau pouvoir. L’ostalgie : le regret d’une société « plus égalitaire ». Tout ce qui constituait leur vie quotidienne a été effacé du jour au lendemain. Selon M.Chauliac, la nostalgie vient du fait de considérer la situation passée comme meilleure par rapport à la situation actuelle. Ils sont donc « ostalgiques », car ils tentent de retrouver cette vie qui est devenue inaccessible temporellement. Nous pouvons constater la confusion faite entre la vision idéalisée du passé, caractérisant la nostalgie, et l’utopie d’un monde meilleur. Cette confusion met en avant les aspects positifs du régime et fait abstraction de ceux qui sont négatifs. Bien sûr, elle n’est pas faite par tous les Allemands de l’Est comme on le verra dans les prochaines pages.
Pour certains d’entre eux, la réunification a été quelque chose de positif pour l’Allemagne et leur a permis d’obtenir plus de libertés, mais également d’évoluer dans une société « moins rigide ». Aujourd’hui, nous nous rendons bien compte que ce système n’était pas vraiment un idéal puisque ses citoyens étaient bloqués, espionnés et parfois même emprisonnés.
La STASI comme revers de la médaille
Durant cette période, les habitants de la République démocratique étaient sous la surveillance du Ministère de la Sécurité de l’État (Ministerium für Staatssicherheit), connu sous le nom de la STASI. Créée en 1949, la STASI est un service de police politique, de renseignements et d’espionnage constitué d’informateurs non officiels. Elle était divisée en plusieurs sections : mise sur écoute téléphonique, installation de microphones dans les pièces, le suivi des courriers… Les surveillances étaient organisées méthodiquement autour des personnes suspectées d’être des opposants du régime. Les citoyens en RDA enquêtaient les uns sur les autres, c’était parfois un ami, une sœur, une voisine voire même un mari. Plusieurs moyens de pression étaient mis en place par les officiers de la STASI afin de les obliger à faire des rapports sur une base régulière. Cette organisation était considérée comme « le bouclier et le glaive du Parti ».
Après la réunification, les archives de la STASI ont été ouvertes au public et les anciens citoyens de RDA ont pu découvrir ce qui avait été écrit sur eux. La présence d’une telle organisation montre comment le régime socialiste endoctrinait les gens en tentant de leur mettre de la pression.

On se rend bien compte que comme toute chose, il y a des côtés tant positifs que négatifs dans l’ancien système socialiste de la RDA. Comme tout système communiste, il est caractérisé par une forte cohésion sociale entre ses citoyens et une volonté d’égalité pour tous. Une minorité des « Ossis », fidèles à l’ancien système, regrette le régime socialiste et son idéologie. Ils se considèrent comme apatrides, car ils ont perdu leur foyer, leur Heimat. Les personnes qui sont aujourd’hui « ostalgiques » s’identifient toujours à cette époque et possèdent un lien fort avec leur pays disparu. Certains vont jusqu’à s’imaginer un nouvel État allemand, que la RDA n’a pas pu réaliser. Pourtant, force est de constater une volonté de contrôler la population et de supprimer tout opposant. À cause d’actions comme la construction du mur de Berlin et la surveillance de la STASI, plusieurs ont tenté de fuir. Cela montre une faille dans un système trop méfiant.
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