Par Elisa Hernandez
Lors de notre arrivée à Kreuzberg, on nous a demandé de faire attention. Selon ce qu’on nous disait, le quartier n’était pas des plus sûrs. Les premières journées étaient inquiétantes. Tout de même, on a très rapidement appris que le quartier ne peut pas vraiment être considéré comme dangereux. En effet, de nos jours il est de plus en plus vu comme l’endroit hype et jeune de la ville. Alors, d’où vient cette réputation de mauvais quartier ? Pourquoi les personnes plus âgées semblaient-elles inquiètes par notre nouveau logement ? En apprenant plus sur l’histoire de l’arrondissement, nous l’avons rapidement compris. Explorons donc l’histoire mouvementée de Kreuzberg.
Un début tardif
L’arrondissement de Kreuzberg est relativement neuf. Il fut formé seulement en 1920 lors de la création du Grand Berlin. C’est alors que la Groß-Berlin-Gesetz (loi du Grand Berlin) unifie quatre quartiers déjà existants pour créer l’endroit qui sera tout d’abord appelé Hallesches Tor. En septembre 1921, ce lieu est rebaptisé Kreuzberg, voulant littéralement dire « montagne de croix ». L’arrondissement porte donc le nom de la colline du Viktoriapark, comme nous le verrons plus tard.
Un endroit délaissé
Après la Seconde Guerre mondiale, Berlin se voit divisée entre les vainqueurs. On y retrouvera donc le secteur occidental à l’Ouest ainsi que celui soviétique à l’Est. Kreuzberg se retrouve à l’ouest de la ville lors de la séparation. Tout de même, notons que le quartier se situe à la frontière des deux secteurs. Lors de la construction du Mur, il se voit presque entouré par plusieurs côtés. Il devient donc peu attirant pour les Berlinois de la République fédérale d’Allemagne. Le quartier est donc délaissé et les loyers sont parmi les plus bas de la ville. Par conséquent, ce sont des gens défavorisés qui habiteront Kreuzberg à l’époque.
En 1961, un accord se conclut entre la RFA et la Turquie. Cela permet aux travailleurs turcs de travailler en Allemagne pour une période de deux ans. Par conséquent, beaucoup sont défavorisés. Malgré la restriction de temps, une grande quantité de travailleurs réussit à rester et même à faire en sorte que leur famille s’installe dans la capitale allemande. Puisque la majorité de ces immigrants temporaires occupe des postes qui requièrent peu de qualifications, beaucoup d’entre eux vivent dans des conditions difficiles. Ils s’installent dans les lieux défavorisés de la ville tels que Kreuzberg. De nos jours, ce dernier est encore connu comme le quartier turc.
Le quartier ouvrier
Comme mentionné, Kreuzberg est le quartier ouvrier de la ville. Ceci donne donc lieu à des manifestations dénonçant la condition des travailleurs. Le 1er mai 1987, la plus grande révolte de l’arrondissement voit le jour. En cette journée des travailleurs, il y a une simple manifestation. Tout d’un coup, des partisans de l’extrême gauche attaquent des policiers et la situation dégénère. Lorsque la police tente d’arrêter les coupables, plusieurs autres participants se joignent à la lutte avec des pierres et du feu. Pour contrer la situation, des bombes lacrymogènes sont utilisées. À la fin de la nuit, 245 policiers sont blessés et 45 manifestants sont arrêtés.
Encore de nos jours, à cette date, le festival Myfest se déroule dans la rue. Avec des prestations musicales et toutes sortes d’activités, l’événement souligne les pensées libérales sous une atmosphère conviviale et calme. Tout de même, le 1er mai est encore une journée turbulente où plusieurs manifestations ont lieu.
De nos jours
Malgré son passé difficile, Kreuzberg ne peut pas être qualifié de dangereux. Certes, il fut autrement un quartier défavorisé avec une grande concentration d’immigrants. Malgré tout, la situation est beaucoup plus calme aujourd’hui. Les différentes cultures se côtoient sans problème. L’énorme effervescence culturelle actuelle et les divers projets et activités offerts dans l’arrondissement contribuent à sa popularité grandissante. Loin d’être encore dangereux, Kreuzberg est LA place décontractée de Berlin.
